Les conditions de l’autosuffisance en produits sanguins du marché français


ABALLEA Pierre , VIEILLERIBIERE Jean-Luc ,
FRANCE. Inspection générale des affaires sociales

La France a fait le choix de promouvoir le don du sang bénévole et non rémunéré depuis la Libération. Ce principe a été réaffirmé par les lois de transfusion de 1952, 1993 et 1998 et s’inscrit dans les recommandations du Conseil de l’Europe, de l’Union Européenne et de l’Organisation Mondiale de la Santé.

La collecte de sang total répond principalement à la demande de globules rouges. Grâce à l’effort des donneurs, les besoins des hôpitaux sont couverts. Les autres composants du sang sont également utiles. Le plasma sanguin, fraction liquide du sang, contient des protéines qui servent principalement à fabriquer des médicaments notamment les facteurs de coagulation, les immunoglobulines et l’albumine...). La demande de ces médicaments est croissante dans le monde. La France collecte entre 65% et 100%, selon les médicaments, du plasma nécessaire à sa consommation.

Pour faire face à cette demande en médicaments dérivés du sang, une technique de prélèvement spécifique est aujourd’hui privilégiée : la plasmaphérèse, étymologiquement « enlever le plasma ». Elle consiste à prélever uniquement le plasma en réinjectant les autres composants au donneur (globules et plaquettes). Ceci peut-être réalisé sans danger jusqu’à vingt quatre fois par an, contre trois à six fois pour le sang total. Actuellement, dans le monde, la plasmaphérèse fournit près de 75% des besoins en plasma sanguin. Les Etats-Unis et l’Allemagne, où les dons sont rémunérés, constituent les principaux pays d’origine de ce plasma dit d’aphérèse.

Dans notre pays également, l’Etablissement français du sang (EFS) développe fortement la plasmaphérèse pour répondre aux besoins, mais celle-ci ne représente encore que 23% du plasma fourni au Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB) qui a pour mission d’approvisionner les hôpitaux français. Cette activité de plasmaphérèse, déficitaire pour l’EFS, est amenée à peser de plus en plus lourd à l’avenir.

L’exigence éthique à laquelle la France est attachée ne constitue pas en elle-même un obstacle à une collecte accrue. Les Pays-Bas offrent l’exemple d’une collecte par plasmaphérèse importante tout en maintenant la non-rémunération du don : 13 litres de plasma pour 1000 habitants y sont collectés annuellement pour fractionnement par cette technique contre moins de 3 litres en France. L’autosuffisance en produits sanguins éthiques est par ailleurs un objectif affirmé au niveau de l’Union européenne. Cela suppose qu’un pays comme la France ne dépende pas excessivement des importations de plasma.

Relever ce défi requiert un effort important d’adaptation du réseau et des modes de collecte de l’établissement français du sang : il lui faut attirer un nombre croissant de donneurs, dans de bonnes conditions de sécurité et sans compromettre son équilibre économique. C’est un chantier que l’Etat et l’établissement français du sang devront mener ensemble pour permettre au don éthique de répondre aux nouveaux besoins des patients

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